Les 5 piliers de la santé : Le Système Digestif

Sommaire :

• Un des secrets de la longévité : l’immunité
• Le microbiote intestinal ; la santé du futur ?
• C’est quoi ce deuxième cerveau ?
• L’obésité. Encore le microbiote ?
• Vous souffrez de douleurs articulaires ?
• Le foie ; une formidable usine de retraitement !
• Le foie « gras » ; conséquence d’un processus pernicieux ?
• Conclusion

La pandémie de la Covid-19 nous a permis de nous rendre compte de nos fragilités. En France, sur 67 millions de Françaises et de Français, 20 millions souffrent de maladies chroniques en rapport avec une immunité perturbée. Ces personnes sont les plus sensibles aux virus et bactéries pathogènes, et parmi elles de nombreux enfants souffrant d’allergie nécessitant une alimentation adaptée. L’allergie révèle qu’une substance fait réagir notre système immunitaire ; celui-ci produit alors les anticorps nécessaires à notre défense. En avançant en âge, nos défenses immunitaires vont-elles aussi « vieillir », et perdre la mémoire cellulaire capable de générer ces anticorps. La découverte des antibiotiques a permis de sauver des millions de vies, mais l’abus d’ordonnances dans certains cas a fortement perturbé le microbiote intestinal.

Un écosystème intestinal bien équilibré avec une muqueuse étanche favorise une meilleure assimilation de tous les micronutriments, ainsi qu’une bonne défense immunitaire. Le code génétique « n’est pas gravé dans le marbre ». Nos gènes s’expriment ou pas, en fonction de notre alimentation, de notre activité physique, du stress, de la qualité de notre sommeil ; c’est-à-dire en fonction de l’épigénétique. La connaissance récente du génome des 100 000 milliards de bactéries de l’intestin, confirme son impact sur le développement de maladies digestives, infectieuses et allergiques, mais aussi de l’obésité, du diabète de type 2, ou des maladies neurologiques…

Notre intestin abrite jusqu’à 200 espèces différentes de bactéries, dont un tiers sont communes à tous. Donc ; chaque individu présente un profil qui lui est propre. Le microbiote intestinal assure de nombreuses fonctions essentielles ; il participe à la digestion, contribue à la synthèse de certaines vitamines (B,K), à l’étanchéité de la muqueuse intestinale par un effet « barrière de protection ». Il produit de l’énergie en recyclant par fermentation les aliments non digérés, sans quoi il y aurait prise de poids !

Savez-vous qu’il influe aussi sur l’efficacité thérapeutique ; par exemple sur l’efficacité de la chimiothérapie¹ ?

Quand le microbiote intestinal est déséquilibré ; on parle de dysbiose, pouvant être associée à des diarrhées, des ballonnements, de la colite. Cette dysbiose est présente dans de nombreuses pathologies tel l’intestin irritable, la maladie de Crohn, les allergies, la fibromyalgie, la fatigue chronique, l’obésité, le diabète, la surcharge pondérale… On comprend son influence!

Le stress, une alimentation déséquilibrée, une prise d’antibiotiques, une naissance par césarienne sont autant de facteurs de risque.

Préserver et entretenir son microbiote intestinal ; c’est vital. Mais comment ? 

Tout d’abord, par une alimentation correcte (cf : article sur le premier pilier de la santé), qu’il faudra compléter dans de nombreux cas par une supplémentation. La prise de probiotiques, et l’apport de micronutriments pour lutter contre l’hyperperméabilité intestinale contribuent au retour à l’équilibre, et au traitement des maladies fonctionnelles.

¹ Institut Villejuif –Gustave Roussy – Viaud et al., Science, 2013, 342 :971-976 ; lida et al., Science, 2013,342 : 967-970

Saviez-vous que notre intestin contient 200 millions de neurones, échangeant en permanence avec notre cerveau ? Il était admis que le stress influençait notre intestin par l’intermédiaire du nerf vague, mais on découvre aujourd’hui que l’inverse est vrai. Ainsi nos émotions, notre personnalité, nos choix sont influencés par le microbiote intestinal ! Le rééquilibrage par la prise de probiotiques permet de réduire ce stress², et contribue à lutter contre la dépression. Ceci ouvre ainsi d’immenses espoirs thérapeutiques dans le traitement des maladies neurodégénératives, telle la maladie de Parkinson, souvent associées à une atteinte des neurones intestinaux.

² Dinan et al. 2013 biol Psychiatry. 74 : 720-726 – 2 – Kang et al. PLoS One 8 (7) ; West et al. 2013 J Prob Health

De nombreuses études dont celles publiées dans le journal Nature, démontrent qu’il y a un lien entre la richesse en bactéries et l’obésité. Un microbiote « pauvre » favorise un risque accru de diabète de type 2, et de maladies cardiovasculaires³. Un régime hypocalorique riche en protéines et en fibres permet une augmentation de la richesse bactérienne, une perte de poids, et une amélioration des paramètres biologiques. On sait que les flores pauvres en bifidobactéries favorisent l’épargne énergétique, et donc favorisent la prise de poids. Là encore, on constate le rôle essentiel de certaines bactéries dans le maintien de la fonction barrière et le stockage des graisses. Une autre étude suisse montre que la modification du microbiote des personnes arrêtant de fumer, provoque un gain de poids. Moduler la composition du microbiote permet donc, de limiter la prise de poids lors du sevrage tabagique…

³ Delzenne, N . et Cani, P. (2009) Modulation nutritionnelle de la flore intestinale : une nouvelle approche diététique dans la prise en charge de l’obésité Cah Nur Diet 44 : 42-46

⁴ Biedermann et al. Aout 2013 – PloS ONE 8

L’hyperperméabilité intestinale en ouvrant des brèches dans la muqueuse digestive est la cause première de l’inflammation chronique de bas grade. Elle est le dénominateur commun entre le vieillissement, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, les dépressions, les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, l’ostéoporose, l’arthrite et l’arthrose⁵.

Aujourd’hui l’on sait que l’arthrose est la conséquence d’une destruction d’origine métabolique des éléments de l’articulation, et d’une inflammation chronique « à bas bruit »⁶. L’hyperperméabilité intestinale provoque une réaction de défense immunitaire avec production de facteurs pro-inflammatoires qui participent à l’entretien de l’inflammation chronique et donc des douleurs articulaires…

⁵ Singh A, karrar S. The role of intracellular organisms in the pathogenis of inflammatory arthritis. Int J Inflam; 2014 : 158793

⁶ Mobasheri A, Henrotin Y Biomarkers of osteo arthritis. Biomarkers 2015 Dec ; 20(8) 513-8

Le foie est un des organes les plus densément vascularisés du corps humain. Il contient plus de 10% du volume sanguin total du corps. Il est traversé en moyenne chaque minute par 1,4 litre de sang, qui arrive par la veine porte, chargé de très nombreuses substances issues de la digestion.

Ces molécules sont absorbées par les cellules du foie, qui sont dotées d’enzymes spécifiques permettant leur transformation chimique. Ces modifications effectuées par le foie sont vitales, elles ont pour objectifs principaux : 

➡️ La transformation des sucres et des graisses au sein des cellules hépatocytes en glycogène, stocké puis libéré sous forme de glucose dans la circulation sanguine. Si les réserves en sucre sont épuisées, le foie est capable de synthétiser du glucose à partir d’acides aminés (protéines). Quant aux graisses parvenant au foie, elles sont transformées en triglycérides, stockés pour être ensuite retransformés selon les besoins en acides gras.

➡️ La synthèse des protéines du sang ; albumine, hémoglobine, facteurs de coagulation…

➡️ La détoxification. Certaines substances sont toxiques pour l’organisme : le rôle du foie est de dégrader ces substances en produits non toxiques. Les produits liposolubles sont reversés dans la bile, puis dans l’intestin et éliminés dans les selles. Les produits hydrosolubles passent dans le sang, qui les mène jusqu’aux reins, puis éliminés par les urines.

➡️ La production de la bile ; liquide jaunâtre qui contient de la bilirubine, des acides biliaires, du cholestérol, de la lécithine et de nombreux autres composants. Les acides biliaires, et autres composants de la bile interviennent dans la digestion des graisses qui se déroule dans l’intestin grêle. La bile a aussi pour fonction de transporter jusqu’à l’intestin les produits liposolubles à éliminer après leur passage dans le foie.

Si vous chargez votre foie avec trop d’alcool et de sucre ; vous allez le transformer progressivement en un gros foie gras ! Le processus est pernicieux, car le foie ne possède pas de cellules sensitives. Il est entouré d’une membrane (capsule de Glisson). Et ce n’est que lorsque celle-ci est mise en tension, par excès de volume, que les douleurs hépatiques apparaissent. Il est déjà bien tard !

Certes, le tissu gras est important. Il en faut ; par exemple le cholestérol est nécessaire à la synthèse hormonale ainsi qu’à celle de la vitamine D. Les acides gras participent à la structure des membranes cellulaires et du tissu nerveux.

Mais bien entendu le surpoids ; c’est du gras ! Lorsqu’il est en excès, il devient pathogène car pro-inflammatoire, avec des manifestations au niveau du foie, des reins ou encore des muscles, en fonction de l’épigénétique. Cela signifie que les organes sont plus ou moins sensibles selon la personne. Vous le savez maintenant ; l’immunité est fonction de l’alimentation et du microbiote, mais un foie « fatigué » contribue aussi à affaiblir notre système immunitaire !

A vous de réagir en veillant à la qualité de votre alimentation, et en soignant votre foie et votre intestin. Vous vous donnerez de bonnes chances de vivre plus longtemps en pleine santé physique et psychique. Notre vitalité, nos émotions, notre sexualité, nos conduites sont guidées par les systèmes nerveux et endocriniens qui ne peuvent fonctionner correctement que si la nourriture et le système digestif leur apportent les précurseurs nécessaires à la synthèse de leurs médiateurs.

La qualité du sommeil (3e pilier de la santé) est un autre facteur essentiel ; nous en reparlerons dans le prochain article.